par André Pascual |
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Introduction Voici plus d'un an et demi
que Corel mettait à disposition des utilisateurs de Linux sa suite
graphique
Corel Draw9. Commercial,
cet ensemble d'outils graphiques professionnels présentait la particularité
d'offrir gracieusement son module de retouche d'images en mode point:
PhotoPaint9. On en était,
pour les utilisateurs de Mandrake, à la version 7.0 de leur distribution.
Mais voilà: un linuxien est têtu et son OS n'est pas vérouillé au point qu'il ne puisse y plonger aux tréfonds des entrailles à la recherche de ce qui bloque. Et de trouver. Car, c'est heureux, il y a une solution, du moins pour les derniers opus de Mandrake. 1 L'installation Il convient en premier
lieu de s'armer d'un CD contenant l'archive du programme à installer
et d'un état d'esprit déstressé. ./dists/redhat/i386/fonttastic-glibc-2.1-2000.06.22.14.00-1.i386.rpm ATTENTION à ne pas
confondre avec l'archive pour glibc-2.0. Copier les trois fichiers:
cachegen, fontfs et ftfi de ../usr/X11R6/bin dans /usr/X11R6/bin du système.
En effet, le problème
d'installation viendrait du contenu de ../etc. Or sur la Mandrake 8, distribution sur laquelle on est en train d'installer PhotoPaint, /etc/init.d est un lien symbolique pointant sur /etc/rc.d/init.d On comprend que l'on ne
pourra pas installer deux fichiers fonttastic différents (celui de
592 octets et celui de 2309 octets) au même endroit: il y en a un de
trop! Le serveur de polices est
dès lors immédiatement actif. En a-t'on fini pour autant? Non, puisque lors d'un nouveau lancement de Linux, l'appel de PhotoPaint provoquera le démarrage de FontTastic et de l'initialisation des polices, ce qui est assez long. Aussi, est-il préférable d'automatiser l'exécution de ce serveur. Pour cela il suffit de céer dans /etc/rc2.d, /etc/rc3.d, rc4.d et rc5.d un lien symbolique S100ftastic (par exemple) pointant sur /etc/rc.d/init.d/fonttastic. Et c'est fini. Heureusement.
2 Premier contact: l'ouverture. Au démarrage, un
écran d'accueil s'ouvre, avec une barre de progression indiquant l'état
de chargement du programme en mémoire. Des noms s'inscrivent également,
avec de curieuses extensions dans le monde Linux: dll. Pas de doute, il s'agit
d'un programme Windows qui s'éxécute grâce à une
version spécifique de Wine, mise en place, configurée, livrée
prête à l'emploi lors de l'installation décrite
plus avant. Notons que l'écran
d'accueil avec barre de progression ne s'est plus affiché à
la suite de je ne sais quelle malencontreuse manipulation de ma part.
PhotoPaint n'en continue
pas moins de fonctionner normalement, sauf à l'arrêt où
il signale une superbe erreur dans le plus pur style Windows. Cela tient
à ce qu'à l'arrêt, Wine cherche à fermer tout
ce qu'il a ouvert, même ce qu'il n'a pas résussi à ouvrir.
Pour éviter l'apparition de ce message irritant, il y a deux solutions:
soit trouver pourquoi progress-gui ne se lance plus au démarrage, soit
interdire tout simplment son lancement. C'est la solution que j'ai choisie,
et, il est bon de le répéter, cela n'affecte en rien le fonctionnement
de Photopaint
. # Used for displaying messages
Le lancement de progress-gui
ne se fera donc plus, et le script d'arrêt, closeGraphics9
, ne rencontrera plus de difficultés.
Par défaut, si aucune configuration de l'espace, le Workspace, n'a été effectuée, le Welcome Screen s'affiche. Nous reparlerons des possibilités présentées dans cet écran d'accueil. 3 L'interface
L'interface regroupe toutes
les commandes et toutes les informations autour de l'espace de travail occupé
par l'image en cours d'édition. A gauche, la boîte à outils;
au sommet, la barre d'outils contextuels; à droite, "l'établi"
bien ordonné, comme dans Moonlight, avec des onglets verticaux permettant
de faire passer au premier plan la palette voulue; enfin, en bas, la ligne
d'état.
4 Editer une image Si l'on choisit New
Image en session de travail, une boîte de dialogue permet de choisir
les caractéristiques de l'image que l'on va créer. Certaines
options sont des plus classiques:
Et pour finir sur le sujet, on remarquera également la présence de l'option Create a movie et Number of frame, pour l'élaboration de gif animés, ainsi que des informations concernant l'espace mémoire requis par l'image à créer selon les paramètres que l'on vient de déterminer. 5 Ouvrir une Image Si l'on choisit Open
Image, une boîte de dialogue s'ouvre présentant une fenêtre
de sélection de fichier, une très commode possibilité
d'aperçu et un sélecteur de type de fichiers. On en compte une
cinquantaine, en mode point, ce qui n'a rien d'original, et en mode vectoriel,
ce qui est plus rare.
6 Acquérir une image L'acquisition par scanner
est prévue; celle-ci passe par Sane, ce qui ne va pas sans difficultés,
parfois insurmontables en ce qui me concerne. En effet, disposant personnellement
d'un viel Umax Astra 2000P sur port parallèle, celui refuse de fonctionner,
par je ne sais quelle aberration de programmation liée à des
angoisses sécuritaires, en mode utilisateur, alors qu'il fait ce qu'on
attend de lui en root. Un comble! Pour les téméraires, voici la section concernée de gfxlauncher: # warn if user is running
as root Mais ne dites pas que c'est
moi qui vous ai poussé à la catastrophe. Je nierai tout, même
sous la torture. Parce que j'ai essayé: le serveur X, la souris et
le clavier se sont gelés. Heureusement qu'il restait le poussoir de
Reset en façade de la machine pour se tirer de ce mauvais pas. 7 CorelTUTOR Des didacticiels fort bien élaborés sont disponibles, hélas en anglais uniquement. Ecrits en html, leur ouverture s'opère dans Netscape après avoir opté pour CorelTUTOR dans le menu Help. Une fois le thème d'apprentissage choisi, on navigue dans des pages concises, comportant des hyperliens qui ouvrent des images commentées ou des images animées. En organisant son espace de travail, ou en optant pour l'utilisation de 2 bureaux, il est très facile de mettre en oeuvre dans PhotoPaint ce que l'on est en train de lire dans Netscape.
Six didacticiels, permettant de mettre en oeuvre un large panel de fonctionnalités du logiciel, sont à disposition. Le dernier est axé sur l'élaboration d'un thème en accord avec un fond d'écran pour son bureau KDE. A l'issue de ces cours, nul doute qu'on sache vaillamment utiliser PhotoPaint, même si, dans le domaine de la création numérique on se trouve toujours en position d'apprentissage... vérité que l'on se doit de ne jamais oublier.
8 Designer.com PhotoPaint
a été conçu dans une optique Web quant à son
utilisation. Ainsi, >Files> Corel online ou >Help>Corel
on the web proposent différents liens vers des sites directement
impliqués dans ce logiciel. Hélas, beaucoup ont disparu en même
temps que Linux du catalogue Corel. Cependant, certains sont toujours accessibles,
comme Designer.com
Mais que l'on se rassure une fois de plus: il existe en France au moins un site de référence dédié aux outils de Corel, Corel-aide.com, de toute beauté et assez bien fourni. Il héberge deux sections PhotoPaint, pour les versions 8 et 9, et même s'il n'est pas question de Linux, cela n'a pas d'importance. Les versions Windows et Linux sont identiques. Tout n'y est pas gratuit, rien n'y est en GPL, mais faute de grives on se satisfait de merles que l'on voudra considérer comme bien dodus.
9 Et à l'intérieur du logiciel? On trouve tout ce dont
on a besoin. Les fonctions habituelles, bien sûr, qu'il serait trop
fastidieux d'énumérer, mais aussi bien des pépites uniques
sous Linux. 9.1 De toutes les couleurs Lorsqu'une image se destine
à un tirage papier, il faut garder à l'esprit que les couleurs
que l'on aura amoureusement choisies sur son écran ne pourront pas
être reproduites avec fidélité. Cela tient aux différents
modes de synthèse des couleurs, et sans entrer dans les détails,
rappelons que le mode numérique RVB couvre une palette plus large que
le mode CMJN des imprimeurs. On peut donc très bien avoir opté
pour une teinte qui ne sera pas restituée correctement sur papier.
PhotoPaint propose une vingtaine de nuanciers différents; certains, comme Netscape ou Internet Explorer ne sont évidemment pas destinés à l'impression. Ils assurent simplement que ces couleurs là ne rencontreront aucun problèmes avec les navigateurs en question. Le Gamut Alarm consiste
à recouvrir d'une couleur criarde (à déterminer par
l'utilisateur) sur la palette toutes les nuances qui ne seront pas fidèlement
reproduites. Il est parfoit étonnant de soumettre une image RVB à
cette épreuve: on peut arriver à 100% de teinte non imprimable.
9.2 Harmoniser les couleurs Sur certains tableux impressionnistes,
on remarques des lumières dorées générant des
ombres mauves. L'effet produit est excellent parce que ces couleurs sont complémentaires,
c'est à dire que sur la roue colorimétrique elles sont disposées
à 180°. Cependant, deux couleurs primaires ne suffisent pas toujours
pour composer une image. On pourrait avoir besoin de 3,4 ou 5 couleurs pour
composer un logo par exemple, et il conviendraient qu'elles fussent harmonieusement
mêlées.
9.3 Dégradés et Motifs Aussi harmonieux que soit
un assemblage de couleurs, il ne premet que l'application d'aplats. En conséquence,
simuler le volume ou le grain d'une surface est très difficile; il
faut pour ce faire pouvoir dégrader les couleurs d'une teinte à
une autre, ou remplir une surface de motifs.
Comme si cela ne suffisait pas, PhotoPaint autorise également le remplissage avec des motifs divers non jointifs, grâce à une fonctionnalité tout à fait comparable au tube à images de PaintShop Pro, appelée ici Image Sprayer. Il est facile, avec et outil, de composer des illustrations réussies, les images du Sprayer étant de grande qualité. A signaler que l'on trouve sur Internet des motifs librement téléchargeables (de même que des Brushes et des Sprayers).
9.4 Status et Dockers Autrement dit: Barre d'état
et "Etabli".
Le Dockers, est
la zone verticale ou l'on entrepose les outils avec toutes leurs options,
outils auxquels on accède en activant l'onglet voulu. C'est ici que
se gèrent les calques qui portent le nom de Objects, sans doute
parce qu'un calque peut se voir réduit aux dimensions et aux formes
d'une simple sélection (Ulead PhotoImpact utilise également
cette notion). Tous les calques-objets sont classiquement disposés
dans cette fenêtre de "l'établi" dans l'ordre de leur création.
Evidemment, ils peuvent être, individuellement ou en groupe, vus ou
non, mélangés les uns avec les autres suivant 28 modes, recevoir
une transparence de 0 à 100%, être déplacés dans
la hierarchie par drag and drop, dupliqués, retaillés....
etc. A noter qu'un clic droit sur la vignette du calque donne accès
à des fonctions, alors que le même clic sur le nom du calque
donne accès à d'autres fonctions. 9.5 Les filtres et effets Ils sont classés en 12 catégories, ouvrant plusieurs centaines de possibilités paramétrables.Là encore, j'ai renoncé à compter! Certains effets sont des plus classiques, d'autres sont originaux et fort impressionants, en particulier Creative>Weather> Fog, Snow , Rain. Ainsi, sur l'image suivante, comparer le rendu brut de Moonlight et l'image après application d'un filtre >Render>Lighting Effect et >Creative>Weather>Rain
Et si l'on ne trouve pas son bonheur dans cette pléthore, on n'oubliera pas que PhotoPaint d'origine Windows sait utiliser les filtres compatibles PhotoShop, les fameux filtres .8bf. L'installation peut demander une certaine débrouillardise: en effet, beaucoup de ces filtres commerciaux écrivent dans la base de registre qui n'existe pas sous Linux, ce qui ne va pas sans problèmes. Certains ne fonctionnent pas. Pour ma part, j'ai installé avec succés: Xenofex1 (16 filtres), EyeCandy3 (21 filtres gratuits), Picture Man Collection (28 filtres gratuits), Redfield (2 filtres gratuits hors du commun) et SandWater (5 filtres gratuits).
Ils sont installés
arbitrairement dans ~/Plugcorel. Le répertoire /usr/lib/corel/Graphics9/Plugins
est un lien symbolique pointant vers ~/Plugcorel et remplaçant le répertoire
d'origine. Les .dll nécessaires au fonctionnement de ces filtres sont
stockés manuellement dans /usr/lib/corel/Graphics9/other/system, qui
est pour Wine le pseudo répertoire \windows\system. S'y trouve également
Xenofex.ini, fichier binaire créé par xenofex windows et récupéré
sur ce système. Les autres fichiers ini sont des liens symboliques
pointant sur les fichiers textes ini créés dans ~/Plugcorel
par les filtres lors de leur éxécution.
9.6 Une impression professionnelle C'est le domaine qui fait
de PhotoPaint
le produit (gratuit) inégalé sous Linux. Cameleo, est passé
sous silence du fait de son prix vraiment très professionnel.
On y trouve la séparation quadrichromique, ce qui est assez courant, mais aussi la séparation hexachromique, utilisé pour l'impression des revues de luxe. Dans ce dernier cas, les quatre couleurs de base Cyan-Magenta-Jaune-Noir sont remplacées par des couleurs du nuancier Pantone. On trouve également des fonction de Prepress permettant de définir les repérages ( registrations marks) pour positionnement des différents films de couleur, d'indiquer les barres de calibration des couleurs, ainsi que les échelles densitométriques permettant à l'imprimeur de vérifier l'encrage.... Et bien d'autres choses concernant le Postscript, la mise en page, les color profile ICC etc...
Conclusion Peut-on conclure après
une visite aussi superficielle? Tout au plus se laissera-t'on déborder
par ses sentiments, qui ne sauraient prétendre faire office d'analyse.
Aussi, dirai-je sans ambage tout l'enthousiasme que
PhotoPaint suscite chez
moi, ainsi que le dépit éprouvé à l'abandon de
Linux par Corel, contraint et forcé sans doute. Je ne répondrai pas, laissant ce plaidoyer à l'appréciation de chacun. André
PASCUAL
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